Atelier d’écriture : HisToiRe PouR TouS

Pour ses beaux yeux

Pour ses beaux yeux

 

 

Je marche dans la rue depuis des heures. Mes amis doivent s’inquiéter, bien fait pour eux! Cette fois, ils ont dépassé les bornes. Je sais que je ne suis ni d’une grande beauté ni d’une avantageuse sociabilité, mais ils auraient pu arrêter de me rappeler qu’à 28 ans je suis toujours célibataire. Eux n’ont pas ce problème : ils sont tous en couple et certains sont même futurs parents. On fêtait justement la réussite d’un ami dans un bar du centre, quand Axel a lancé la blague de trop : « J’espère qu’on ne te rend pas trop jaloux, après tout, tu es encore le seul qui n’a pas goûté aux plaisir de la vie commune ». Éclats de rire. Sourire narquois des clients. Moue de dédain du barman. C’en est trop! Je crois que j’ai claqué la porte en laissant mon verre plein. Ils paieront pour moi, ils me doivent bien ça.
Je longe les avenues des grands magasins; l’air est froid et humide, le ciel gris de novembre ne me remonte guère le moral. Encore une année perdue! Les sites de rencontre, les voyantes, les speed-dating n’y peuvent rien changer. Je suis le rejet de la société, un condamné à la vie entre quatre murs, devant un écran de télé à absorber les publicités comme un carburant, à ne bouger que pour commander une pizza ou aller aux WC. Je ne veux pas de cette vie-là! Même si j’ai les yeux rivés sur mes baskets, je vois les passants me dévisager avec dégoût, je le sens, j’ai l’habitude. Un piéton distrait me rentre dedans, je relève la tête et observe l’homme s’éloigner sans même une parole d’excuse. Horrible société! Je promène mes yeux sur les étalages des magasins, pour passer le temps. Chaussures, lingerie, chaussures, restaurant asiatique, chaussures, vêtement pour hommes, MacDonald, chaussures…. Soudain, je m’arrête. Quel est ce sublime regard ? La mélancolie et la passion s’y mêlent harmonieusement. Je m’approche, C’est une jeune fille brune, peau d’ivoire. Elle est belle! Je rentre dans la boutique, la cherche des yeux, va la trouver. Elle me regarde avec une pointe de tendresse, je la prends dans mes bras. Curieusement, elle se laisse faire. Nous faisons connaissance, elle me plaît de plus en plus. Finalement, je l’emmène chez moi. Elle a un sourire figé, un maquillage léger, des cheveux souples, et surtout elle a voulu de moi!
Je débarrasse ma vitrine pour elle, les photos de famille vont au placard. Avec mille précautions, je la pose sur la plaque de verre. Elle est tellement belle, il ne faudrait pas que je la défigure avec un geste mal placé. Je recule de quelques pas pour admirer le résultat.
Un soupir m’échappe.
Que diront dons mes amis quand ils sauront que je suis tombé amoureux d’une poupée ?



28/03/2011
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