L'horrible journée de Scarlett
L'horrible journée de Scarlett
En ce réveillant ce matin là, Scarlett sentit que quelque chose n'allait pas. C'était un sentiment étrange, qui prévenait presque ça journée, comme pour la mettre en garde devant un danger, et elle le voyait, tel un gouffre profond et noir, ses pieds délicatement posés au bord du précipice, prête à sombrer dans les fonds obscurs de ce trou béant si elle faisait quelque chose de travers.
Déjà, la nuit précédente, elle avait fait un mauvais rêve, même un horrible cauchemar, qu'elle n'osait pas se remémorer.
Scarlette décida donc de prendre un nouveau départ et sortit de son lit, en respirant un bon coup.
Le premier réflexe qu'elle eut fut de s'approcher de son calendrier rose bonbon, où sa photo apparaissait, son visage confiant et souriant ne correspondant pas vraiment à celui qu'elle avait aujourd'hui.
Mais ce n'était pas sa propre tête que regardait Scarlett ce matin-là. Non, elle fixait, incrédule, le jour et le chiffre du mois. Vendredi 13. Etait inscrit en rouge, comme tous les autres jours, mais ce mot et ce chiffre semblait menacer la jeune fille, qui fronça les sourcil en s'éloignant.
Lorsque Scarlett arriva au collège, elle fut accueillie par un grand nombre de gens, qui s'agitaient autour d'elle, telle une ruche d'abeilles qui vénère sa reine.
Mais elle n'y faisait plus attention ; à vrai dire, seule sa meilleure amie -Hanna- l'intéressait, et elles se dirigèrent ensemble vers leurs casiers, tandis qu'Hanna disait :
- Oh, tu as vu Johnatan aujourd'hui ? Il est à croquer ! Si seulement je pouvais sortir avec lui... Ou s'il pouvait m'accorder un peu d'attention... Ce serait vraiment chouette.
Scarlett la fixa un instant, et déclara, sur le ton de la confidence
- Tu sais quoi ? Je vais t'arranger ça. Demain, lui et toi, vous formez le plus beau couple de la terre.
Hanna considéra à son tour son amie : en effet, elle n'avait pas rêvé, Scarlett se dirigeait déjà vers Johnatan. Elle ne préféra pas regarder et rangea soigneusement ses affaires dans son casier, en jetant des coups d'œil furtifs en leur direction.
Scarlett n'avait pas atteint le garçon qu'il se tournait vers elle et la saluait. Un peu déstabilisée qu'il l'eut remarquée, elle ne répondit rien dans un premier temps, puis débita sa phrase soudainement.
- Salut, dis t'as vu Hanna aujourd'hui ?
Il pencha la tête vers la droite et dit, l'air distrait :
- Ah... elle ? Je te trouve bien plus mignonne.
Une fois encore, Scarlett paru surprise mais se raviva l'esprit à la pensée de sa meilleure amie, si gentille et si douce, qui aimait tant ce garçon.
- Je ne suis pas d'accord. Et puis, de toute...
Sa voix fut étouffée par Johnatan qui s'était penché sur elle pour l'embrasser. Elle le repoussa mais son geste fut minime, si bien que personne ne l'aperçu.
Mais il céda et lâcha sa prise en haussant les épaules.
- Comme tu veux.
Scarlett n'eut pas la force de lever sa main très haute pour le gifler. Elle se contenta de tourner les talons, trébucha et s'étala de tout son long au sol. Johnatan l'aida à se relever, et elle prit ses jambes à son cou en espérant que personne ne les ai aperçu. Surtout pas Hanna. Mais cette dernière était, effondrée, en pleurs. Pleurs de trahisons mais aussi de désespoir.
Quand Scarlett vit son état, elle décida de la réconforter, mais Hanna avait encore toute sa raison et la repoussa brutalement.
Alors, tout devint flou aux yeux de la jeune fille ; on lui tournait le dos, sa meilleure amie la fuyait, et elle ne comprenait pas comment tout avait pu arriver si vite.
Seul Johnatan restait avec elle pour la soutenir, même si elle ne supportait pas sa présence.
Au self, elle renversa son plateau, en maths elle eut la pire note de la classe, en sport, on la poussa contre le béton et elle s'écorcha et les genoux, et les bras.
En rentrant chez elle, on la dépouilla de ses affaires, et, contre la brise et le froid hivernal, elle marcha dans les rues sans gilet, ni écharpe ou gants.
Enfin, elle poussa la porte de son domicile. Peut-être ne serait-elle pas obligée de retourner au collège ? Peut-être ses parents la comprendraient-elle ?
Mais il n'en fut rien. Sa mauvaise note ne lui attira que des ennuis, et on ne voulu l'écouter. Scarlett fut privée de repas et monta dans sa chambre. En collant son front contre la vitre de sa fenêtre, elle aperçut son chat - seul être qui pourrait encore la réconforter.
Mais le voilà qui traversait la rue au moment où une voiture noire qui lui donna la chair de poule l'écrasa sans pitié. Scarlett hurla de frayeur, puis de tristesse en pleurant toute les larmes de son corps.
Mais ce n'était pas fini. Un homme tout vêtu de noir sortait du véhicule assassin. Il se dirigeait vers le portail et ouvrait sans même sonner. Elle entendit la voix de ses parents et celle - plus grave - de l'homme.
- Votre père est décédé.
Parvint-elle à comprendre. Elle sentit ses jambes défaillir et tomba à même le sol, encore plus peinée sans même s'en rendre compte. Avant de fermer les yeux, elle se souvint de son rêve - son cauchemar.
Il relatait exactement la journée qu'elle venait de passer, et elle avait bien l'impression que ce n'était pas la fin.