Une histoire d'amour pas comme les autres
Une histoire d'amour pas comme les autres.
Bien avant la magnificence de Louis XIV, dans une période antérieure à François I, longtemps avant la grandeur de l'Empire Romain, dans un temps précédent la grande Egypte, vivait au coeur de l'Asie mineure, un souverain régnant sur un vaste territoire. Une fille était née d'une union avec la femme la plus agréable du royaume, qui fut un temps son épouse, qui décéda peu après la naissance de son enfant. Enfant grandissant, ressemblant à sa mère, égalant sa beauté. Choyée, protégée par son père, cette princesse était intouchable. Ses paroles n'étaient que ses désirs, des ordres prononcés dans le seul but d'être exécutés. Riche et belle petite fille devenant une jeune femme à laquelle les hommes ne pouvaient résister. Le souverain, dans un âge avancé, organisait une cérémonie pensant apporter à sa fille un mari digne de lui succéder. Pourtant, aux yeux de la jeune fille, c'était sans espoir.
La princesse avançait dans la grande salle du palais. Les tapis persans se mêlaient aux larges et hautes colonnes dont les dorures des arabesques les rendaient majestueuses, se confrontant aux miroirs reflétant les couleurs chatoyantes des robes princières. La foule se bousculait, les invités goûtaient les fruits du jardin et dansaient au rythme rapide et entrainant de la musique. La jeune fille faisait balancer ses cheveux ébènes ornée d'une couronne, son corps recouvert d'un tissu de mousseline blanche s'envolant au moindre courant d'air, les rivières de bijoux d'où l'on apercevait les rubis et les pierres d'azuli lui piquant la peau captivaient tous les regards. Elle apportait une effluve d'ambre et d'encens par sa peau mate et éclatante. Elle était seule, sans mari promis, souffrant d'un vide qui ne pouvait être comblé, d'un vide pénible et douloureux. Et pourtant, lorsqu'elle se regardait, jamais elle ne trouverait quelqu'un d'aussi admirable qu'elle. Elle était supérieure, même l'obscurité de ma nuit ne la concurrençait pas. Durant toute la cérémonie, elle était présenté à de riches hommes influents, à des princes, pour lesquels elle ne suscitait aucun intérêt quelques soient les efforts qu'ils puissent faire. Dans l'immensité de la pièce, ses yeux noirs ourlés de crayon se posent sur l'homme face à elle. Son corps tremblait, un frisson l'envahissait, malgré la chaleur, ses jambes semblaient défaillir sous le poids de ses genoux. Qui ? Où ? Comment ? Tant de questions s'entrechoquaient dans son esprit. Elle demandait son nom aux gardes près de la porte, ce dernier le présentant en tant que soldat de l'armée royale. Il la regardait, tout se passait par les yeux, elle s'en approchait. Une fusion, une attirance réciproque, ils se comprenaient sans qu'aucune parole ne soit nécessaire. La princesse observa son propre reflet dans l'un des miroirs, s'y arrêtant, revenant à la raison. Certes, cet homme lui était agréable, mais moins qu'elle même encore. Son reflet était plus délicieux que lui ne l’était. Et pourtant, plus elle s'approchait de lui, plus elle désirait le connaître. Ils passèrent le reste de la soirée ensembles, partagés entre regards magnétiques, paroles timides et douces, si proches mais en même temps si loin, comme si une barrière la séparait de lui, rendant leur attirance l'un envers l'autre encore plus forte. Le reflet de la princesse apparaissait dans ses yeux, comme si tout la ramenait à elle-même, son apparence qu'elle aimait tant. C'était pourtant le plus beau moment de sa vie, une chance de se libérer de sa solitude. Cet homme lui aurait fait connaitre le monde, l'aurai sorti de sa prison dorée. Il lui parla même de lointaines contrées qu'ils visiteraient ensembles. Il l'emmènerai loin d'ici, loin de cette solitude qui la rongeait depuis si longtemps. Elle se contemplait, comprenant que sa solitude était voulue, que nul ne la méritait. Personne ne devait la toucher, elle resterai pure. Mais jamais elle n'avait ressenti pareils sentiments, sensations lui arrachant le coeur mais l'apaisant par la suite. Jamais elle n'avait d'ailleurs connu le sens du mot « aimer ». Cet homme était beau, cultivé, admirable avec beaucoup de conversation. Ils se battaient à l'épée honorant sa contrée. La perfection étant déjà atteinte par elle-même, il était fort peu probable que cet homme ne posséda aucun défaut. Ils dormirent dans les bras l'un de l'autre, comme si une nuit avait représenté toute une vie.
Le lendemain, elle le fit prisonnier. Ses désirs étaient des ordres auxquels nul n'avait le pouvoir de désobéir. La fierté l'empêchait de s'expliquer. La princesse fit prisonnier le seul homme qui aurait pu lui apprendre le sens du mot « aimer ». La princesse le fit prisonnier car nul n'a le droit d'être mieux qu'elle, nul ne la mérite.