Atelier d’écriture : HisToiRe PouR TouS

La quête d'une beauté éternelle et à l'or

La quête d'une beauté éternelle et à l'or

 

 

 

« Elle a encore vieilli ! », avait lancé la reine.

Dans la grande chambre de la propriété qui m’était attribuée, j'étais seule, devant le miroir au cadre d'or et de pierres précieuses offert par mon illustre amant me témoignant sa reconnaissance. Je contemplais ce reflet, cette silhouette élancée, ce port aristocratique et fière, ces cheveux d'or rivalisant avec le soleil me rapprochant de la perfection. Toute la cour me déclarait « dangereusement belle ». Je prête à croire qu'elle oublie quelle femme instruite je suis, grâce à une éducation exemplaire de mon cher père. Combien connaissez-vous de femmes sachant s'exprimer en latin et grec, ayant appris l'art de la danse, passionnée de philosophie et dotée de l'art de la conversation ? Une femme passionnée par la peinture et avide de découverte dans le domaine de la musique. C'est ainsi que nait le mépris dont certain sont victimes, une haine mêlée à la jalousie et au mépris. Je regardais l'image que le miroir me renvoyait, ce visage qui pâlissait de jour en jour, ces traits fins et ces yeux bleus et gris remplis d'émotions. Ces marques du temps qui se devaient imperceptibles. Toute femme s'est un jour demandée comment garder, non l'amour mais la fascination et l'admiration que vous porte un homme. Pour ma part, cela fait des années que je m'interroge, que cette question est le cœur de mes pensées, ma vie, mon bonheur, mes angoisses, ma perte. La beauté et l'éclat ne sont pas éternels.


Au levé du jour, je demandais qu'on me prépare mon bain, le rituel matinal. On me retirait ma robe de chambre de gaze blanche. Je plongeais dans l'eau froide, les os glacés. Le médecin me disait que grâce à cela, la peau serait plus belle et encore plus douce. Je le fis demander afin qu'il m'apporte mon breuvage.


Mon royal amant, si beau et si jeune me portait une attention particulière. Nous discutions ensembles des affaires du royaume et de politique et mon sens aigu pour les intérêts financiers le fit prospérer. De vingt années mon cadet, je l'éduquais et  le vis grandir, c'est pour cette raison que nous étions si proches, que nos rapports étaient à la fois tendres, amicaux et amoureux. Lors du précédent tournoi, je fus si heureuse de le voir arborant fièrement mes couleurs et me proclamant duchesse. Je le fis revenir dans le droit chemin, auprès du Pape et loin de l'hérésie.


Je demandais de l'aide pour achever ma toilette. Ma dame d'atour m'apportait de quoi me sécher et de quoi me vêtir. Je choisis une robe de couleur bleue nuit mettant mon teint en valeur, avec peu d'artifices, permettant une liberté de mouvement. La taille était ajustée, elle me sied si bien ! Je pris la coupe ornée de pierres posée sur la commode en acajou près de la fenêtre. « Quelques bouillons », suggérait Brantôme. Cette potion paraissait comme un miracle permettant de garder une fraicheur éternelle. On murmure même que le principal composant est l'or. De l'or buvable composé d'admirables vertus et pouvoirs régénérant, n'est-ce pas incroyable ? Une révolution dont aucune de mes rivales n'a et n'aura jamais connaissance, et pourtant, Dieu seul sait qu'elles se damneraient pour ce secret. Malgré la  ravissante couleur jaune, le goût n'était pas fort plaisant, on eut dit du fer ou tout autre métal, jamais je n'eus goûté plus détestable. C'est douloureux et je ressens d'horribles nausées mais cette jeunesse n'a pas de prix et personne ne devrait observer la différence avec mon jeune amant, je garde espoir d'être plus juvénile qu'auparavant.


Une fois prête et réchauffer par un long manteau d'hermine, je rejoignais le bureau du roi. Celui-ci me convia à une partie de chasse dans les bois, l'un de mes sports favoris. Dehors, il neigeait, le terrain était glissant, les chevaux avançaient lentement dans le ce froid hivernal.

« Ma plus que reine, ma dame, vous êtes plus délicieuse que jadis mais toujours moins que le jour qui suivra. »

Oh ! Que cette promesse est plaisante. La chasse, nager dans les eaux profondes du lac du château, monter le plus bel étalon de l'écurie, jamais je ne voudrai abandonner tout cela, j'ai la volonté de pratiquer ces activités toute ma vie, toujours en profitant du plein air. Que ferai-je sans cela ? C'est sans doute cela qui plaisait aussi à mon bien-aimé, ce dynamisme et cette vivacité permanente. Je ressentais de terribles douleurs dans le corps. Peut-être n'avais-je pas pris assez d'élixir, quelques bouillons ne sont sans doute plus assez efficaces. Il se devait de l'être, un homme ne tient à une femme que par sa jeunesse qui la rend désirable. Sans cela, elle n'est plus rien, elle tombe dans l'oubli au profit d'autres jeunes demoiselles de la cour ou de son adversaire. Je sentais le vent dans mes cheveux fins, des larmes coulaient sur mes douces joues. Pourquoi tout ce mal, était-ce la peur qui me rongeait ? Cette peur qui empêchait une femme de s'endormir. Que l'avenir semble noir.

Ma vision se troublait, la douleur se faisait plus vive, déchirant une partie de moi. La selle m'échappa des mains, je glissais, je ne sentais plus mes jambes, je cru défaillir, ne sentant plus que la neige me recouvrir. J'entendais au loin la voix de mon galant comme un écho inaudible. La dernière chose que j'aperçus fût le drapeau. Je pouvais y lire l'emblème du roi. H & D. Henry & Diane.



03/01/2011
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